Le 10 mars, journée souvenir au Japon.
Oui, au Japon, cette date du 10 mars n'est pas neutre du tout.
Elle marque un terrible souvenir de l'histoire contemporaine de ce pays, une nuit du 9 au 10 mars 1945...
Ce soir-là, à 22h30, une alerte a été donnée, finalement assez vite levée. Quelques B29, ces forteresses volantes, avaient survolé le ciel de Tokyo, c'était un vol de reconnaissance. Mais ça, les Tokoïtes ne le savaient pas... Peut-être au contraire se sont-ils couchés un peu tranquillisés...
Mais à 00h08... tout a commencé... pendant 2h30, une ronde infernale de 344 B29 a survolé la ville en lâchant des tonnes de bombes incendiaires, deux mille tonnes pour être précis. Pourquoi des bombes incendiaires? Plus efficace dans une ville où la majorité des maisons étaient encore construite en bois. On voulait ratisser, et ratisser large, qu'il reste le moins possible de civils... D'ailleurs du napalm avait été répandu pour limiter les possibilités de s'échapper et les tourelles des forteresses volantes mitraillaient - dit-on, les civils qui essayaient de se sauver.
Ce que je veux bien croire étant donné ce qui m' a été raconté par mon mari et ma belle-mère. Ils habitaient hors du centre de Tokyo, mais pas trop loin de Shibuya quand même, à proximité du parc Inokashira. Ils étaient 5 garçons. Les plus jeunes allaient jouer dans la rue où ne passait aucune voiture. Mais il est arrivé qu'un avion américain, qui volait à basse altitude, s'abaisse un peu plus encore et commence à canarder le coin... Heureusement, personne n' a été atteint.
Où était ma belle-famille à ce moment-là? Fils numéro 1 (qui nous a quittés il y a tout juste quatre ans) avait été enrôlé dans la garde impériale du fait qu'il était un descendant - très lointain - d'un fils d'empereur de l'époque Heian et que son grand-père avait été daimyô dans le Kyushu. Fils numéro 2 (qui nous a quittés il y a six ans) était dans la marine. Fils numéro 3, mon mari, 16 ans à ce moment-là, et numéro 4, 14 ans étaient à la maison; fils numéro 5 et la maman étaient justement partis en province pour certaines démarches et rapporter un peu d'alimentation. Mon mari m'a raconté qu'ils avaient pu lire en pleine nuit sans avoir besoin d'allumer la moindre lampe tellement les lueurs de l'incendie qui ravageait le centre, avivé par un vent de 20 à 30m, étaient intenses et lumineuses. Mais leur quartier n'a rien eu, j'ai vécu deus ans et demie dans cette maison.
Le lendemain, quand ils ont essayé de voir un peu ce qu'il en était, ils ont découvert l'horreur, l'enfer.
Résultat de cette nuit d'enfer: 40KM2 soit plus d'un tiers de la ville parti en fumée... Plus de 270.000 bâtiments détruits... 100.000 morts... autant de blessés et grands brûlés...
A vrai dire, c'est une des deux photos que je suis lasse de voir... très souvent vue à la télé pour illustrer des propos, des documents... en tout cas, elle doit vous donner une petite idée de l'ampleur des dégâts matériels. Là, c'est le quartier Marunouchi, gare de Tokyo...
Tous les ans cette date était marquée par des cérémonies religieuses pour prier pour les défunts de ce bombardement américain un peu trop bien mené. En 1985, cette journée a été officiellement enregistrée comme Journée du Souvenir du Grand Bombardement de Tokyo. Avec l'idée de prier en même temps pour la paix.
C'est pourquoi il est d'autant plus insupportable de savoir, et de voir, qu'il y a des nostalgiques de la période de guerre. Ceux-là, on les voit au sanctuaire Yasukuni, le dimanche en particulier. Ils arrivent avec leur uniforme militaire ou au moins un accessoire comme la casquette, ou le nom et numéro du régiment auquel ils appartenaient est inscrit bien visible (vous en verrez un exemple dans la vidéo) et se mettent à chanter des chansons de l'époque. Ce qui me gêne, c'est qu'ils ont vraiment l'air nostalgiques...
J'ai pris un petit groupe en vidéo. Cette fois, en enregistant la vidéo, je n'ai pas cherché à sauvegarder de la qualité d'image, mais à faire léger.
EDIT DU 10 MARS 2008
Ce soir, je voulais éviter les émissions consacrées à cet événement, même si on m'annonçait des révélations. Malgré moi, j'ai vu les premières images diffusées (la chaine 6 pour les personnes qui sont au Japon)
Le choc.
Des encore jamais vues, et ça se comprend.
Et il ne me semble pas qu'il y ait eu de disclaimer pour les enfants. Moi, je n'ai pas supporter, j'ai failli restituer le peu que je venais de manger au dîner. Les nouveautés annoncées, c'était des photos prises par les Américains et enfin restituées au Japon.
Mais je ne suis pas si courageuse que ça, j'ai ma dose par ailleurs, l'an dernier j'ai eu des précisions qui sont notées ici, j'ai très très vite changé de chaine.
Mais aussi je comprends d'autant mieux certaines choses que mon mari m'avaient dites sans vouloir vraiment en parler non plus. A propos de ce que son frère et lui avaient découverts après cette nuit cauchemardesque...
Elle marque un terrible souvenir de l'histoire contemporaine de ce pays, une nuit du 9 au 10 mars 1945...
Ce soir-là, à 22h30, une alerte a été donnée, finalement assez vite levée. Quelques B29, ces forteresses volantes, avaient survolé le ciel de Tokyo, c'était un vol de reconnaissance. Mais ça, les Tokoïtes ne le savaient pas... Peut-être au contraire se sont-ils couchés un peu tranquillisés...
Mais à 00h08... tout a commencé... pendant 2h30, une ronde infernale de 344 B29 a survolé la ville en lâchant des tonnes de bombes incendiaires, deux mille tonnes pour être précis. Pourquoi des bombes incendiaires? Plus efficace dans une ville où la majorité des maisons étaient encore construite en bois. On voulait ratisser, et ratisser large, qu'il reste le moins possible de civils... D'ailleurs du napalm avait été répandu pour limiter les possibilités de s'échapper et les tourelles des forteresses volantes mitraillaient - dit-on, les civils qui essayaient de se sauver.
Ce que je veux bien croire étant donné ce qui m' a été raconté par mon mari et ma belle-mère. Ils habitaient hors du centre de Tokyo, mais pas trop loin de Shibuya quand même, à proximité du parc Inokashira. Ils étaient 5 garçons. Les plus jeunes allaient jouer dans la rue où ne passait aucune voiture. Mais il est arrivé qu'un avion américain, qui volait à basse altitude, s'abaisse un peu plus encore et commence à canarder le coin... Heureusement, personne n' a été atteint.
Où était ma belle-famille à ce moment-là? Fils numéro 1 (qui nous a quittés il y a tout juste quatre ans) avait été enrôlé dans la garde impériale du fait qu'il était un descendant - très lointain - d'un fils d'empereur de l'époque Heian et que son grand-père avait été daimyô dans le Kyushu. Fils numéro 2 (qui nous a quittés il y a six ans) était dans la marine. Fils numéro 3, mon mari, 16 ans à ce moment-là, et numéro 4, 14 ans étaient à la maison; fils numéro 5 et la maman étaient justement partis en province pour certaines démarches et rapporter un peu d'alimentation. Mon mari m'a raconté qu'ils avaient pu lire en pleine nuit sans avoir besoin d'allumer la moindre lampe tellement les lueurs de l'incendie qui ravageait le centre, avivé par un vent de 20 à 30m, étaient intenses et lumineuses. Mais leur quartier n'a rien eu, j'ai vécu deus ans et demie dans cette maison.
Le lendemain, quand ils ont essayé de voir un peu ce qu'il en était, ils ont découvert l'horreur, l'enfer.
Résultat de cette nuit d'enfer: 40KM2 soit plus d'un tiers de la ville parti en fumée... Plus de 270.000 bâtiments détruits... 100.000 morts... autant de blessés et grands brûlés...
A vrai dire, c'est une des deux photos que je suis lasse de voir... très souvent vue à la télé pour illustrer des propos, des documents... en tout cas, elle doit vous donner une petite idée de l'ampleur des dégâts matériels. Là, c'est le quartier Marunouchi, gare de Tokyo...
Tous les ans cette date était marquée par des cérémonies religieuses pour prier pour les défunts de ce bombardement américain un peu trop bien mené. En 1985, cette journée a été officiellement enregistrée comme Journée du Souvenir du Grand Bombardement de Tokyo. Avec l'idée de prier en même temps pour la paix.
C'est pourquoi il est d'autant plus insupportable de savoir, et de voir, qu'il y a des nostalgiques de la période de guerre. Ceux-là, on les voit au sanctuaire Yasukuni, le dimanche en particulier. Ils arrivent avec leur uniforme militaire ou au moins un accessoire comme la casquette, ou le nom et numéro du régiment auquel ils appartenaient est inscrit bien visible (vous en verrez un exemple dans la vidéo) et se mettent à chanter des chansons de l'époque. Ce qui me gêne, c'est qu'ils ont vraiment l'air nostalgiques...
J'ai pris un petit groupe en vidéo. Cette fois, en enregistant la vidéo, je n'ai pas cherché à sauvegarder de la qualité d'image, mais à faire léger.
EDIT DU 10 MARS 2008
Ce soir, je voulais éviter les émissions consacrées à cet événement, même si on m'annonçait des révélations. Malgré moi, j'ai vu les premières images diffusées (la chaine 6 pour les personnes qui sont au Japon)
Le choc.
Des encore jamais vues, et ça se comprend.
Et il ne me semble pas qu'il y ait eu de disclaimer pour les enfants. Moi, je n'ai pas supporter, j'ai failli restituer le peu que je venais de manger au dîner. Les nouveautés annoncées, c'était des photos prises par les Américains et enfin restituées au Japon.
Mais je ne suis pas si courageuse que ça, j'ai ma dose par ailleurs, l'an dernier j'ai eu des précisions qui sont notées ici, j'ai très très vite changé de chaine.
Mais aussi je comprends d'autant mieux certaines choses que mon mari m'avaient dites sans vouloir vraiment en parler non plus. A propos de ce que son frère et lui avaient découverts après cette nuit cauchemardesque...